Le V2 : entre innovation

et destruction

 

L'influence du V2 après la seconde guerre mondiale

 

 

 
 

Le V2 précurseur de toutes les fusées modernes

 V2 et guerre froide…

La guerre n’était pas finie que déjà une concurrence s’était mise en place entre les « alliés » (anglais, russes et américains, auxquels on peut rajouter les français), pour savoir celui qui le premier, récupérerait le plus de matériels et le plus d’ingénieurs pour garder une avance technologique sur les autres

Une nouvelle guerre commença au niveau technologique (le premier qui satelliserait une fusée), et au niveau de l’armement (le premier qui ajouterait au V2 une ogive contenant une charge atomique) : c’est la guerre froide. Le V2 engendre donc la « course vers l’espace » qui oppose principalement Américains et Russes.

 

Le V2 chez les américains…

Les américains récupérèrent une centaine de V2 entiers avant l’arrivée des russes au camp de travail de Dora ;  c’est le début de l’opération Overcast. Wernher von Braun et 115 ingénieurs s’étaient rendus, en possession d’archives techniques en mai 1945, en voyant l’effondrement du troisième Reich. Ils avaient choisi leur camp…

Le président Truman signera, dans le cadre de l’opération Paperclip, le 6 septembre 1946 une loi d’émigration spéciale pour les anciens ingénieurs. Cette opération consiste à effacer le passé nazi des fuséologues allemands pour leur permettre de travailler du côté américain sans être puni par le procès de Nuremberg (au cours de celui-ci, Albert Speer sera condamné à 20 ans de prisons, et Hermann Göring à mort). Ils étaient employés pendant 5 années pour fabriquer un missile balistique, puis on leur laissa le choix de la nationalité.

    Les Américains mettent en place l’ opération Backfire  ; il s’agit de développer des nouveaux modèles de fusée à partir du modèle du V2.

V2 Américaine

    Pour cela, des ingénieurs américains furent formés par les ingénieurs allemands (récupérés dans l’opération Paperclip) à White Sands (White Sand est un désert de sable blanc à l’ouest des Etats-Unis, ce lieu a servi d’exploitation de la technologie du V2.). C’est en ce lieu, qu’en 1946 un V2 transportant une caméra filma pour la première fois la Terre vue de l’espace.

 

Ils créèrent la fusée WAC caporal qui est composée d’un V2 comme première étage, surmontée d’une autre fusée.

 

En 1947, ils fabriquèrent la fusée AL-6, qui reprenait le projet allemand de l’A-9

       

 

     Le groupe mené par Von Braun entama alors des recherches sur la fusée Redstone en 1950. Celle-ci fera 21 mètres de haut, un poids de 28 tonnes au décollage, et une poussée de 55 tonnes. Elle reprenait l’idée allemande des fusées A-10 et A-12. La fusée Jupiter C, qui était composée de la fusée Redstone ajoutée à un quatrième étage qui transportait du propergol solide, envoya en 1958 le premier satellite américain : Explorer 1.  La fusée Redstone formera le premier étage de la capsule Mercury de la NASA en 1961.

    Von Braun sera affecté par la National Aeronautics and Space Administration (fondée en 1958), en tant que directeur du Marschall Space Flight Center (en 1960) au développement des missions Apollo qui aboutiront grâce à la fusée Saturne 5 aux « premiers pas » sur la Lune le 20 juillet 1969. 

                                            

 

Le V2 chez les russes…

Quand les russes sont arrivés à Peenemünde en 1945, il ne restait plus que quelques fusées, des pièces détachées, et des techniciens. Mais au total, ils « mettront la main » sur 1750 ingénieurs et techniciens des secteurs aéronautiques, et sur 6000 ingénieurs dans d’autres secteurs. Ce personnel devra travailler en union soviétique pendant 7 ans…

Korolev (qui avait travaillé sur la fusée Gird-IX avant la guerre.) participa à l’envoi d’un V2 en 1947. C’est lui qui était en charge du choix des techniciens allemands pour les tirs de missiles en russie. En 7 ans, entre 1946 et 1953, plus de 100 V2 seront tirés par les russes.

Ils commencèrent alors la série des missiles « R » russes, dont le R1 qui était entièrement inspiré du V2. Parmi ceux-ci on peut citer le R7, une fusée gigantesque qui avec ses 30 mètres de hauteur pesait presque 300 tonnes et pouvait parcourir théoriquement 7 000 km.

     Le R7 lança le 4 octobre 1957 le premier satellite : Spoutnik 1. Pour cela, les ingénieurs durent intégrer aux études du V2 les travaux de Tsiolkovski (première vitesse cosmique: 7.9 km/sec,...).

 

Elément de comparaison (fusées faites à la même échelle) :

 

Le V2 chez les français…

Les français, eux aussi, récupérèrent discrètement 123 ingénieurs allemands et quelques armes  « secrètes ». La France avait réussi, durant la guerre, à faire des études sur une fusée : l’Ea1941 (qui à son premier tir le 15 mars 1945 avait explosé) sous l’égide de Jean Jacques Barré.

Ainsi, après la guerre, Barré et son équipe continuèrent les fusées EA (« Engins Autopropulsés »)

          Avec l’aide des ingénieurs allemands, les français commencèrent des recherches sur des fusées sondes (une fusée-sonde, dans le domaine de l'astronautique, est une fusée décrivant une trajectoire sub-orbitale permettant d'effectuer des mesures et des expériences) à propergol liquide : les fusées « Véronique » (VERnon electrONIQUE) qui s’inspiraient très fortement du V2.

 

La France envoya son premier satellite (Astérix 1er) en 1965 avec Diamant A, une fusée faite à partir de l’opération « Pierre précieuse » (lancée par De Gaulle en 1959, dont le projet était de produire une série de fusées à but bien particulier, d’ailleurs ces fusées porteront tous un nom symbolique d’une pierre précieuse).

 

Voici une comparaison au niveau de la taille des fusées qui ont suivies le V2.

 

 

Le V2, progrès scientifique…?

Jacques Villain et Christophe Rothmund, deux historiens de l’espace résumeront les progrès scientifiques qu’ont apportés les recherches allemandes sur la fusée : « Ils nous ont tout appris. En matière d’aérodynamique, de guidage et de propulsion, ils ont tout inventé. On n’a fait que les recopier. » En effet, toutes les fusées des années 50 et des années 60 sont les descendantes directes du V2. Le contexte de guerre a accéléré l’avancée scientifique et technique.

 

De ce terrible point de vue, le V2 est novateur et porteur de progrès. Il se pose incontestablement un débat : peut-on glorifier un système d’arme, qui pourtant est une réussite technique et scientifique exceptionnelle rendant possible l’éternel rêve de l’homme qui est de conquérir l’espace ?

 

Dans notre monde, les sciences et techniques ont pris une grande importance. Elles nous ont permis de faire d’énormes progrès. Pourtant peut on justifier les massacres pour arriver à ce point, la fin justifierait elle les moyens ? Faut il négliger, sous la décharge de la science, les sources de danger qu’elle procure à l’homme ? Quelle éthique pour la science ? Déjà au 15ème siècle, Rabelais nous mettait en garde : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

 

 N’oublions pas que le progrès n’est que momentané, que pour si peu, nous ne pouvons détruire ce pour quoi il doit servir (l’homme et la nature), et que nous ne pouvons tolérer sa transformation en arme, ou en une quelconque machine de dévastation…

 

 « Dans les sciences, le chemin est plus important que le but. Les sciences n’ont pas de fin. » Erwin Chargaff

 

 




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