Le V2 : entre innovation

et destruction

Le développement du V2

 
 

Les armes de représailles

   En parallèle au projet de l’A-4, de nombreux autres modèles ont été expérimentés, même si ils n’ont pas abouti sur des fusées fonctionnelles. En décembre 1942, les experts de Peenemünde Est proposent au Führer des projets de missiles balistiques suivants :

- Le A-6 utilisant comme propergol l’acide sulfurique, plus énergétique que le kérosène et donc développant plus de puissance.

- Le A-7, un A-5 avec des ailes capables de décoller à partir d’une rampe de lancement.

- Le A-8, utilisant deux propergols cryogéniques (à très basse température).

- Le A-9 utilisant les mêmes propergols que le A-6 mais dont la portée balistique atteignait 650 km.

- Le A-10, semblable à l’A-4, développant un total de 100 tonnes de poussée, capable d’envoyer cinq tonnes de charge militaire.

 

 

  De son côté, Erhard Milch, général en chef de la Luftwaffe, propose à Hitler le FZG-76 ou Fi-103, un avion-missile sans pilote capable de venger l’échec de la Luftwaffe contre l’Angleterre. Le Fi 103 est relativement très peu coûteux et peu envoyer 800kg d’explosif à 300km. L’avantage du Fi-103 était que la Luftwaffe pouvait faire fabriquer ses bombes volantes par des sociétés aéronautiques ordinaires.

Après plusieurs tests et mûre réflexion, Hitler tranchent en faveur du déploiement de armes de représailles, les « Vergeltungswaffen » : le Fi-103 rebaptisé V1 qui peut être lancé depuis une plate forme mobile, l’A4 rebaptisée V2 et le canon à longue portée V3 à plusieurs chambres explosives tirant des obus jusqu’à 250 kg.

 

LE V1

  A Peenemünde Ouest, la Luftwaffe, travaillant à côté des ingénieurs de Werner von Bron, met au point la bombe volante Fi-103 dont un premier tir avec catapultage fût réussi le 24 décembre 1942. Le printemps de l’année suivante, le directeur de Peenemünde Ouest autorise à ses ingénieurs la fabrication d’avions sans pilote, ou bombes volantes. Le Fi-103 pouvait emporter 800kg d’explosif sur environ 230km à une vitesse maximale de plus de 650km/h. Il pesait 2150kg dont 550kg da carburant. Le fuselage mesurait 7.23m sans son réacteur, et 7.90m avec. Le coût d’un Fi-103, rebaptisé V1, était de 3000 Reichmarks et nécessitait plus de 300 heures de travail par exemplaire. Le V1 devait être catapulté à partir d’une rampe fixe, car son pulso-réacteur ne pouvait fonctionner qu’à partir d’une vitesse de 300km/h. L’engin était guidé par un pilote automatique gyroscopique. La coupure de l’alimentation en essence, prédéterminée avant le lancement, provoquait l’arrêt du moteur et la plongée de la bombe volante vers sa cible.

      

  Une des particularités du V1 était son réacteur. Inventé par l’ingénieur Paul Schmidt en 1931, le pulso-réacteur est développé par la firme berlinoise Argus à partir de 1939. Son nom vient du fait que le réacteur fonctionne par cycles, contrairement au réacteur moderne qui lui fonctionne en continu.

 

  Voici le cycle de fonctionnement du pulso-réacteur du V1:

-L’air entre à l’avant du réacteur et se mélange au carburant dans la chambre de combustion.

-La bougie fait exploser l’air et le carburant qui provoquent une émission de gaz chauds, la fermeture des clapets d’entrée d’air puis l’avancement de l’engin par effet de réaction.

-L’éjection des gaz chauds produit alors une dépression dans la chambre de combustion et entraîne l’ouverture des clapets. De l’air frais pénètre à nouveau dans le tube, mélangé à l’essence : le cycle recommence.

La fréquence sur le moteur Argus est de 47 Hz (47 cycles à la seconde).

Le V1 et ses caractéristiques.

 

  Pour que les pulso-réacteurs fonctionnent, il fallait une vitesse initiale d’au minimum 300km/h. C'est pour cela que les bombes volantes étaient lancées à partir de rampes métalliques. L’engin était catapulté par un piston coulissant dans la rampe sous la pression de gaz produite par une réaction chimique (du peroxyde d’hydrogène avec du permanganate de potassium). A l’extrémité de la rampe, longue de 45mètres, la bombe volante atteignait près de 400 km/h ; le piston se détachait, alors que l’engin poursuivait son vol propulsé par son pulso-réacteur. Après chaque tir, la rampe devait être soigneusement lavée des produits toxiques utilisés par le générateur de gaz. En opération, les unités de la Luftwaffe tiraient en moyenne deux bombes volantes par heure et par rampe.

 

 

 

Le V3

  Comme le V1 et le V2, le canon V3 constitue une arme de représailles de la part du Troisième Reich à l'encontre de l'Angleterre. Le nom de code était « Hochdruckpummpe » pour « Pompe à haute pression ». En fait il s'agit d'un canon à chambres multiples. L’obus qui était tirée ressemblait plus à une petite fusée qu'à un vrai obus.

  Le long du canon étaient disposées trente-deux chambres auxiliaires qui donnaient un surcroît de puissance au projectile. Au passage de l’obus à hauteur d’une des chambres auxiliaires, les charges dans cette chambre étaient mises à feu pour produire une poussée supplémentaire, augmentant ainsi la vitesse de l'obus et ainsi de suite sur les trente-deux chambres de combustion, accroissant à chaque fois un peu plus la vitesse de l’obus. Les Allemands avaient prévu une vitesse initiale de l’obus de 1 500 m/s et une distance de tir utile de l'ordre de 160 km. L'obus faisait environ 140 kg pour une longueur de quelques 3 mètres.

  La construction du premier site de Test et de Tir se fit en 1943 à Hillersleben en Allemagne, puis un second site d'expérimentation fût construit à Misdroy. Le premier site de lancement fut construit sous le nom de code « Tausendfüssler » pour « mille pattes ». Il se situe à la Forteresse de Mimoyecques sur la commune de Landrethun-le-Nord en France à 8 km des côtes de la Manche et à 160 km de Londres, la première cible.

  Le V3 était un projet fou qui n’aboutira jamais, et dont on sait pertinemment qu’il ne fonctionnera jamais à partir de novembre 1943, malgré la fabrication de 20.000 tubes, mais pour lequel aucun responsable n’a voulu dire la vérité à Hitler.

Vidéo en Allemand décrivant le V3:

 

 

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  Avec les armes de vengeance V1, V2, V3, d’autres armes sophistiquées furent développées par les Allemands lors de la seconde Guerre mondiale comme la bombe Henschel Hs 293 A (bombe planante téléguidée spécialement développée pour la lutte antinavire) ou encore la fusée Kramer X4 (missile air-air filoguidé).

 

 

 

 




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