Le V2 : entre innovation

et destruction

Le projet d'une bombe volante

 
 

Peenemünde : base expérimentale secrète

 

  Grâce au budget colossal de l’Armée, les travaux sont réalisés très vite entre 1936 et 1940. Les installations de la Luftwaffe sont assez modestes. En revanche, le centre de l’Armée de Terre consacré aux fusées à propergol liquide est le complexe militaire le plus moderne de la planète. En 1937, les équipes de chercheurs s’installent dans la station expérimentale nouvellement construite et von Braun y est nommé directeur technique.

 

 

  Peenemünde devient le plus grand centre scientifique de son époque. Les principaux bâtiments sont  : une usine d’oxygène liquide, un polygone de tir, des bancs d’essai, une usine pilote pour les prototypes, des maisons, des écoles, des boutiques, un casino, des bâtiments administratifs…

 

 

Après quelques expérimentations, les spécialistes se mettent à développer de véritables A-3. Les innovations sont nombreuses : un gyroscope agissant sur trois plans, une poussée de 1.5 tonnes pendant 45s, l’apparition d’une tuyère de vaporisation qui amène les carburants vers le centre de la chambre. Cependant un problème se pose très vite : la puissance du système de guidage est trop faible pour compenser la force du vent latéral, c’est pourquoi la fusée s’incline systématiquement vers l’horizontale et explose en plein vol.

 

 

 Von Braun décide d’arrêter les travaux sur l’A-3, car les études portent maintenant sur le développement du fameux A-4. Mais la réalisation d’une telle fusée, qui serait la plus élaborée jamais construite, pose une infinité de problèmes. Il est donc décidé que Peenemünde fabriquera d’abord des modèles réduits du missile : l’A-5. Maîtrisant la combustion, ils décident de se concentrer sur le système de guidage. Ils créeront après beaucoup de tâtonnement, un système de contrôle par radio, puis un ensemble complexe automatique corrigeant de lui-même la trajectoire de la fusée pendant son vol.

 

Les scientifiques savent désormais décomposer le vol d’une fusée en plusieurs phases :

La phase propulsée.

La phase balistique.

La descente sous parachute (phase qui s’applique ici uniquement pour l’A-5)

La période s’écoulant de l’instant de la mise à feu jusqu’à la fin de la combustion du propulseur est appelée la phase propulsée.

Apres l’extinction du propulseur commence la phase balistique pendant laquelle la fusée, uniquement soumise à son poids et à la résistance de l’air, exploite la vitesse acquise pendant la propulsion pour atteindre son altitude maximale.

Apres la culmination, lorsque l’engin commence a retomber, la phase balistique se poursuit jusqu’a l’ouverture parachute.

 

  

 

 

La fusée est soumise, au cours de son vol, à trois forces :

son poids P, force verticale appliquée au Centre de Gravite

(CdG),

la poussée F du moteur, force axiale appliquée au niveau du moteur,

la résistance de l'air R, force appliquée au niveau des ailerons.

 

La résistance de l’air R est le résultat de :

   

 

Pour assurer la stabilité de la fusée, l’équipe de von Braun revoit entièrement l’enveloppe de l’A-5 et en particulier les empennages (c’est l’ensemble des plans fixes et mobiles de la fusée permettant sa stabilité ; donc principalement les ailerons).

 

 En cette année de 1937, le projet d’une soufflerie supersonique ultramoderne se concrétise. Une soufflerie est une installation servant à simuler les conditions aérodynamiques d'un déplacement dans l'air. On considère en effet que l'action de l'air sur un objet en déplacement est équivalente à celui du vent généré dans la soufflerie sur l'objet, fixé. On y effectue des mesures très précises, ce qui est souvent impossible dans les conditions réelles de déplacement. En attendant la fin de sa construction en 1939, l’équipe de Peenemünde en emprunte à diverses firmes pour tester ses A-5.


Le premier lancement réussi de l’A-5 a lieu en octobre 1938. Impressionné par quelques tirs de l’A-5, Hitler apporte son soutien pour le projet. Il pense désormais que le développement de ces armes secrètent assurerait la victoire contre tout ennemi. En octobre 1939, un mois après l’invasion de la Pologne, il n’a plus de doutes ; des A-5 complètement équipés sont expérimentés et réussissent à atteindre une altitude 800m. La Deuxième Guerre mondiale éclate et presse la production que l’Armée désire la plus rapide possible, si bien que 70 lancements de A-5 ont lieu entre 1940 et 1942, en préparation au test du premier A-4.

 

 

 

 

Caractéristiques techniques des fusées lancées à Peenemünde en

1937-1938.

 

       Vertical                 Poids au décollage              Altitude atteinte         Poussée

A-1    Non                   150 kg                           0 m                   320 kg

A-2    Oui                    500 kg                       2,2 km                2.000 kg

A-3    Oui                    750 kg                        400 m                1.500 kg

A-5    Oui                    900 kg                        8,8 km               1.500 kg

 

 


Peenemünde
envoyé par fuseologie
 Construction de Peenemünde



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