Le V2 : entre innovation

et destruction

Le développement du V2

 

La production massive

  Pour répondre à « la terreur aérienne anglo-américaine », Albert Speer, le ministre de l’armement créa au sein de son ministère une commission pour les tirs à longue portée (1ère réunion le 4 février 1943), la «Komission für Fernschiessen ». Elle est chargée du développement et de la production en série des armes de représailles. Une de ses sous commissions : la « Sonderausshuss A-4 » se consacrait à la fusée de Peenemünde et s’occupait de l’intrusion de l’industrie dans un programme qui était jusque là purement militaire.

  Avec ses 22.000 pièces détachées, ses propergols liquides dangereux et son électronique de pointe, le V2 demande une attention particulière. Quand les plans de constructions arrivèrent aux sociétés d’aéronautique, ces derniers se montrèrent incapables de produire la nouvelle arme. Il faudra plusieurs dizaines de milliers de modifications techniques pour y parvenir. Il est donc décidé d’installer une usine à V2 dans Peenemünde même. Pour achever toutes les installations industrielles nécessaires aux fusées V2 qui doivent être tirées chaque jour, les ingénieurs et techniciens à Peenemünde travaillèrent en deux équipes de douze heures, de jour comme de nuit.

  La grande idée de Himmler fût de faire travailler les milliers de prisonniers de camps de concentration à la fabrication des fusées V2 et des V1. Le 19 octobre 1943, l’armée Allemande passe une énorme commande à l’usine de Mittelwerk : 12000 fusées V2 pour 480 millions de Reichsmark. Les premières fusées, fabriquées par une main-d’œuvre qualifiée allemande et par les déportés, sortirent de la chaîne d’assemblage de l’usine souterraine de Mittelwerk le 1er janvier 1944.

 

  Ainsi se développent des camps de concentration destinés à la fabrication des « bombes volantes ». Le camps de Dora (aussi appelé Mittelbau-Dora ou Nordhausen-Dora) en est un des exemples les plus meurtriers. C’est à partir de septembre 1943 que commence la construction du site dans un climat de violence extrême imposé par les SS et leurs Kapos*.

  Les déportés (13000 à la fin novembre 43) vivent en permanence sous terre. Soumis à un travail exténuant (le chantier souterrain fonctionne 24 heures sur 24 avec deux équipes de travail de 12 heures), ils doivent dormir dans des galeries où l’absence d’hygiène est totale : pas d’eau potable, des odeurs épouvantables, des parasites… La sous nutrition, la dysenterie et la pneumonie font des ravages : on compte 2882 morts à Dora dans les six premiers mois après la création du camp, soit une moyenne de 16 morts par jour.  Parmi toutes ces victimes, on compte 29% de Soviétiques, 25% de Français, 14 % de Polonais, 13% d’Allemands et 9 % de prisonniers de guerre italiens.

  Avant l’hiver 1943-1944, ce sont 60.000 travailleurs forcés qui sont employés à la fabrication des armes de représailles dans les usines souterraines des montagnes du Hartz (massif montagneux au centre-nord de l’Allemagne), surveillés et durement traités par les Kapos* . Les journées de travail étaient longues, souvent 18 heures, les hommes mal nourris, et, privés des soins élémentaires, mouraient en masse: 25.000 hommes vont y périr, dans des conditions épouvantables.

 * Konzentrationslager Arbeit Polizei : les Kapos étaient des prisonniers sélectionnés pour surveiller les autres prisonniers en contre-partie de privilèges vis à vis du reste du camps, de ce fait les Kapos étaient plus violents que les SS car il fallait sévir pour garder ses privilèges.

 

  
         

 

 

 

 

 

  Le 16 février 1943, Himmler, Général en chef des SS et patron de la Gestapo, a réussi à imposer à la France et à son gouvernement (de Vichy) l’envoi de travailleurs en Allemagne qui seront sélectionnés par ses hommes de mains. Ils emploient le Service du Travail Obligatoire (STO) français comme source de main d’œuvre inépuisable. En août 1943, il a gain de cause. Himmler prend en charge la fabrication en série des bombes volantes V1 et des fusées V2 à Mittlewerk. L’ingénieur civil Arthur Rudolph est recruté par Himmler en septembre 1943 pour organiser la production des fusées V2 dans les sites souterrains de Nordhausen. Les essais de réception sont effectués en Pologne, à Wizna.

 




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